Pratique et précoce, le test de gestation dans le lait
Reproduction. Le diagnostic de gestation réalisé à partir d’échantillons de lait se révèle plus précoce que l’échographie, avec un niveau de précision équivalent.
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Le test de gestation mis au point par le laboratoire Idexx permet d’identifier les vaches vides dès vingt-huit jours après insémination. Il est réalisé à partir d’un simple échantillon de lait collecté pendant la traite. L’opération ne requiert ni système de contention ni manipulation d’animaux bloqués dans l’attente d’un intervenant extérieur.
Cette praticité conduit la plupart des organismes de conseil en élevage, mais aussi certains laboratoires, à déployer ce service auprès des éleveurs. « Par son côté pratique, ce test a tout de suite séduit les éleveurs qui ne faisaient pas de suivi de reproduction par échographie », indique Gérard Combelles, de Cantal Conseil Élevage.
Une fiabilité proche de 100 %
« En 2017, 56 % des élevages de notre secteur y ont eu recours (30,9 % des vaches contrôlées). C’est un service fiable, de plus en plus utilisé, y compris pour des animaux conduits en saillie naturelle. »
Techniquement, le test consiste à rechercher des protéines appelées PAG (pregnancy associated glycoproteins) secrétées par le placenta. Ce sont des protéines spécifiques de la gestation et c’est ce qui explique une fiabilité proche de celle permise par l’échographie, selon Idexx :
la sensibilité, ou l’aptitude à détecter les vaches gestantes est de 98,7 % à partir de 28 jours ;
la spécificité, ou l’aptitude à détecter les vaches non gestantes est de 94,4 %.
L’analyse en laboratoire se fait selon la méthode dite « Elisa ». Elle repose sur l’utilisation d’anticorps capables de fixer ces PAG présentes dans les échantillons de lait. L’ajout successif de différentes solutions amène ensuite à lire les résultats par densité optique. Si l’échantillon se colore, la vache est gestante, sinon elle est vide. « Dans les faits, il y a 3 à 5 % d’analyses douteuses à recontrôler, précise Loïc Commun, vétérinaire Idexx. Ce sont des cas où le niveau de PAG est intermédiaire, ce qui ne permet pas de conclure si l’animal est gestant ou non. Cela peut être lié à des pertes d’embryons, à des prélèvements réalisés avant 28 jours ou à des contaminations croisées au moment du prélèvement. »
Un résultat positif après 28 jours n’est pas non plus la garantie d’une gestation qui arrivera à son terme. « 10 à 15 % des vaches perdent l’embryon entre 25 et 60 jours post-IA, rappelle Luc Manciaux, de BCEL Ouest. Nous constatons aussi une augmentation du nombre de résultats douteux lors de fortes chaleurs qui semblent affecter le niveau de sécrétion des PAG.En revanche, une vache ne peut pas être gestante si le test est négatif. »
Confirmer la gestation 60 jours plus tard
Par conséquent, il est recommandé de faire un premier test précoce pour une remise rapide à la reproduction des vaches vides. Si elles sont positives, on fera un second test vers 60 jours pour confirmer la gestation. « C’est le même principe avec les échographies, souligne Luc Manciaux. Nous réfléchissons donc à une offre de service comprenant deux testset un suivi. » Les tarifs vont de 3,10 € à 5,90 €/analyse (certains Ocel ne facturant pas les douteuses), avec une restitution des résultats de j + 1 à j + 4 selon les cas. « Ce test n’est pas conçu pour remplacer l’échographie, souligne Loïc Commun. Les deux techniques peuvent même être complémentaires : on peut, par exemple, imaginer faire un test précoce à 28 jours sans stress pour l’animal, confirmé par l’échographie un mois plus tard. L’avantage du test est de profiter de la régularité de la pesée et de ne pas avoir à bloquer les vaches. »
Un avis partagé par Gérard Bernard, responsable du service suivi de reproduction chez Gènes Diffusion : « Je ne vois pas le test comme un concurrent. Pour confirmer une gestation, il peut s’avérer complémentaire d’un suivi plus global faisant appel à l’échographie, explique-t-il. Cette dernière va plus loin dans l’analyse et en fournissant un résultat en temps réel, elle permet d’être plus réactif pour enclencher un plan d’actions avec le technicien. »
Sur le terrain, la demande des éleveurs a conduit les organismes de conseil à développer un protocole de prélèvement adapté au robot de traite : il s’agit de rallonger le temps de vidange du circuit entre deux vaches à neuf secondes pour éviter tout risque de contamination des échantillons. Par ce biais, les essais réalisés par Eilyps ou Alliance 3 CE sur les robots Lely et Fullwood ont permis d’obtenir une sensibilité du test de 100 % et une spécificité de 93 %, et donc de lancer ce service. Sur les robots Delaval, des travaux sont en cours car, sur la plupart des installations, il reste trop de résidus de lait dans la chambre de réception qui peuvent fausser l’interprétation des résultats.
La prise de sang pour génisses et vaches allaitantes
Pour les génisses et les vaches allaitantes, le même test Idexx est disponible à partir d’un prélèvement de sang. En Corrèze, par exemple, ce service est disponible pour les troupeaux allaitants sur la prise de sang de la prophylaxie. « L’idée est de proposer le test afin d’améliorer les performances de reproduction dans un secteur où il y a encore 30 % d’IVV supérieurs à 400 jours, explique Christelle Roy, du GDS Corrèze. En positionnant le test au moment de la prophylaxie, on peut valoriser la prise de sang réalisée par le vétérinaire en février-mars, pour ne pas lâcher en pâture des vaches vides, ou avant l’hiver. »
Jérôme PezonPour accéder à l'ensembles nos offres :